Il y a 250 ans, naissait le futur du Collège (1)
En effet, entre Angers et Cholet, dans les Mauges, en 1775, naissait un certain François DROUET ! Tous ceux qui sont passés entre les murs du presbytère du bourg de Combrée, puis entre ceux du "Palais de l'Éducation" savent qu'il s'agit du curé de Combrée, fondateur de notre Collège ... mais qui était-il ? |
Coup d'œil sur sa famille
À quelques kilomètres de Beaupréau-en-Mauges, serpente l'Èvre sur 92 km de long ; 44 moulins à eau furent implantés sur cette rivière (et d'autres) couvrant plusieurs villages. Ainsi à La Chapelle-du-Genêt, on en a dénombré huit, à Beaupréau, douze ! Les Mauges étaient connus pour tous ses moulins à eau et à vent. Voir le document de l'office du tourisme de Beaupréau-en-Mauges.
Au Moulin de Chevreau, sis à La-Chapelle-du-Genêt naît en 1709 René Drouet ; il y grandira et deviendra meunier. Marie Blanchard, une fille de Jallais, commune voisine, lui donnera, en 1746, un fils aîné nommé François, un autre garçon et une fille ; François s'installera au Moulin du Pont comme meunier ; Marie Jeanne Mériau, de Saint-Macaire, lui donnera huit enfants : l'aîné né le 7 janvier 1775 sera prénommé François ; il aura quatre frères et trois sœurs et seuls François, René et Jean-Baptiste dépasseront l'âge de 18 ans. (voir la généalogie Drouet)
N.B. Jean-François Drouet (cours 1970) a été au Moulin du Pont jusqu'en juillet 2001 date à laquelle l'activité du site s'est arrêtée. Actuellement, son fils Thierry est propriétaire du moulin - qu'il a restauré et habite - et de la chaussée.
La Chaussée du Moulin du Pont | Moulin du Pont en 2001 |
L'élève François Drouet
Louis Levoyer, deuxième supérieur (1837 - 1865) successeur de François Drouet, écrit dans "Notice historique sur l'Institution de Combrée" publié en 1877 (présent intégralement sur notre site) :
À l'âge de dix ans, présenté par son père à la jouissance d'un bénéfice fondé par un de ses ancêtres, il fut conduit à Nantes pour y recevoir la tonsure des mains de Mgr de La Laurentie, qui en était évêque. Ainsi s'ouvrait devant lui une carrière, qui préalablement exigeait des études littéraires. Il suivit avec distinction les cours du collège de Beaupréau par l'abbé Darondeau ; mais on peut appliquer au studieux enfant le vers de l'Aristarque latin : Multa tulit fécitque puer, sudavit et alsit, car il lui fallait faire deux fois chaque jour le trajet d'une lieue, pour jouir des leçons du collège.
La "Revue de l'Anjou et du Maine-et-Loire" tome 2 édité en 1853 dans ses pages sur "Le collège de Beaupréau" confirme :
Ces études se terminent en classe de Seconde d'après L. Levoyer :
Il achevait ses études en 1793, quand éclata l'insurrection de la Vendée ; il lui fallut alors laisser les études et les livres, abandonner même la maison paternelle et se cacher comme tant d'autres dans les champs de genêt*. Il put échapper ainsi avec les siens, aux poursuites et aux recherches des colonnes infernales, qui sillonnaient la Vendée en promenant partout le ravage et la mort. Aussitôt qu'un peu de sécurité eut été rendue à la contrée, la famille Drouet eut hâte de regagner sa maison ; mais il n'en restait que quelques ruines encore fumantes, l'incendie ne l'ayant pas plus épargnée que beaucoup d'autres demeures. A cette vue, le père du jeune Drouet fut frappé d'un telle stupeur que ses facultés en demeurèrent livrées à un trouble incurable. Devenu, par suite de ce dernier malheur, chef et unique soutien de sa famille, François Drouet, que Dieu destinait à devenir un jour le père d'une famille morale autrement nombreuse, trouva dans son énergie naturelle, comme aussi dans les ressources de son esprit industrieux et entreprenant, le moyen de faire face aux épreuves du moment. S'étant mis à l'apprentissage de l'état de charpentier, il y devint en peu de temps assez habile pour conduire un chantier, et put reconstruire la maison et le moulin de son père, préludant ainsi aux constructions importantes dont il devait plus tard diriger l'exécution.
*[champ de genêt : Aux xviiie et xixe siècles, la culture du genêt est un moyen d'utiliser à profit des terres en jachère. La racine des genêts fixe l'azote dans les sols, retient la terre et permet d'éviter la transformation des champs en friche sans valeur.]
L. Levoyer continue avec l'épisode suivant :
Obligé, en 1795, de se mêler aux milices vendéennes, le jeune Drouet (il a 20 ans), qui n'avait que médiocrement de goût pour la vie militaire, profita de la première occasion de revenir à d'autres exercices ; il reprit alors l'état de charpentier, mais il le quitta définitivement en 1801 pour rentrer dans sa véritable vocation. A cette époque il devint collaborateur de M. Mongazon, dès lors supérieur du collège de Beaupréau.
"La revue de l'Anjou et du Maine-et-Loire" eut une autre lecture de cette même période 1792-1801 :
Le professeur Drouet au collège Beaupréau
François Drouet est donc revenu dans son collège qui, après le passage des insurgés vendéens, était en piteux état matériel et pédagogique. "La revue de l'Anjou et du Maine-et-Loire" poursuit ainsi :
L'abbé François Drouet a donc maintenant plusieurs fonctions dans l'établissement où il a été élève : professeur, bâtisseur, économe.
Sa vie ne s'arrêtera pas là, vous le savez, nous le découvrirons en détail dans le prochain focus.
Remerciements à Jean-François Drouet (c.1970), à l'office du tourisme de Beaupréau-en-Mauges, aux généalogistes amateurs de Généanet.fr