Focus d'avril 2025

Épilogue (épisode 4)

F Drouet fin  

Nous sommes fin 1829, François DROUET a tenu contre sa hierarchie et le gouvernement à faire évoluer son école presbytérale en petit séminaire puis en école ecclésiastique. Néanmoins son vœu intial reste le même : ensigner la jeunesse vivant autour de Combrée, voire un peu plus loin. La notoriété de son établissement gagne en importance auprès des parents au grand dam des aniticléricaux.

Ancien college

La révolution de juillet 1830 à Combrée

Henri Gazeau in « Combrée, ma maison » dresse ce tableau :

1830Juillet  Louis Philippe

Consternation à Combrée et dans tout le bocage (majoritairement légitimiste) : ils ne pouvaient qu’accepter de force la Monarchie tricolore ! Le 30 septembre suivant, le nouveau régime supprime les demi-bourses attribuées aux élèves ecclésiastiques et décrète l’application stricte des ordonnances de 1828.

Mgr Montault, comme tous les évêques de France, doit fournir une attestation selon laquelle les encadrants de son séminaire n’appartiennent pas à une congrégation non-autorisée, attestation dont la sincérité a été contrôlée par le recteur. M. Drouet rassure son évêque en affirmant que son établissement est conforme aux règlements de l’Université.

Le recteur en avait informé aussi le sous-préfet de Segré, Antoine Chollet, « serviteur fanatique et brutal du régime » qui répondit le 31 décembre 1830 :

Chollet1 

Ce personnage ne cessera d’attaquer le séminaire de Combrée. Entre autres exigences, il lance la collecte des armes dans l’arrondissement. Mais :

Chollet2

La réaction de Chollet est brutale et en juin 1831, un bataillon est dispersé là où « l’esprit laisse à désirer » et le séminaire de Combrée héberge une compagnie de soldats. M. Drouet invite les militaires à sa table et leur apprend à lire, espérant gagner la troupe à ses convictions légitimistes !

Chollet sent le danger et par ordre du Procureur du Roi invite alors Drouet à s’expliquer à la barre du tribunal de Segré ; il en conclut que Drouet désignait « la république et l’anarchie, sa compagne inséparable ». L’évêque d’Angers est prié de rappeler Drouet à de meilleurs sentiments.

En septembre 1831, l’école ecclésiastique de Beaupréau (dont la ferveur légitimiste était « avérée ») est supprimée et transférée à Angers, malgré les protestations de Mgr Montault. Donc à la Toussaint 1831, une centaine d’élèves de Beaupréau viennent s’ajouter aux 150 pensionnaires de Combrée. Mais impossible de loger 400 enfants dans l‘établissement combréen, il fallut recourir au bon vouloir des habitants du bourg.

L’ouest de la France acceptait de mauvaise grâce le nouveau régime mais assez mollement ; néanmoins la lutte véritable était espérée par quelques-uns : ainsi un groupe d’élèves dont deux petits-fils (venus de Beaupréau) du chef vendéen de 1793 Cathelineau décidèrent de participer à un soulèvement prévu le 4 juin 1832. Comme l’explique Louis Levoyer : « Ces jeunes gens, étant presque tous des enfants de l’Ouest, avaient sucé, il faut l’avouer, un autre lait que celui de la Révolution » ; en fait les enfants de Drouet n’ont connu aucune bataille, la troupe cantonnée dans le bourg les avaient ramenés à la prudence.

Chollet poursuit alors ses tentatives de destruction du séminaire de Combrée en exagérant ainsi l’importance de ce soulèvement auprès de sa hiérarchie : « ... 150 élèves devaient, au mois de juin, se joindre aux Chouans » à tel point qu’il avait dû donner « l’ordre aux troupes de les massacrer sans pitié s’ils avaient tenté de sortir de la maison... ». Mgr Montault, suite à cette dénonciation au Ministre des Cultes, auprès duquel il fait le point de la situation réelle, exclut quelques élèves et obtient du Gouvernement qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

Le calme après la révolution (1833-1837)

Le calme revient petit à petit et, d’un côté comme de l’autre, une atmosphère de détente s’instaure. Mais à Combrée, l’entassement du surcroît d’élèves venant de Beaupréau ainsi qu'une épidémie posent problème ; Mgr Montault sollicite le gouvernement auquel il demande, au nom de l’humanité, le rétablissement de l’école ecclésiastique de Beaupréau. Le ministre d’alors n’osa pas reconnaître que la fermeture avait eu lieu un peu hâtivement. C’est donc son successeur, le comte d’Argout qui demanda à l’évêque de trouver un local à Angers ; M. Mongazon acheta la propriété angevine du Colombier. En 1934 la rentrée à Combrée ne se fit qu’avec ses propres élèves. Henri Gazeau rend compte de cette période :

1934

Il ajoute :

Mort-Drouet.png

L’abbé Levoyer écrit – dans sa « Notice historique » - les derniers moments de François Drouet, après qu’il ait perdu « presque toute la vigueur de ses facultés intellectuelles » :

Mort Drouet2

Sa sépulture eut lieu le 10 mars et le lendemain l’église paroissiale suffit à peine pour contenir la foule des laïques et des membres du clergé. L’évêque ne se déplaça pas.

 

Et après ?

Le 13 mars, Mgr Montault nommait Louis Levoyer Supérieur et l’abbé Buisson comme curé de Combrée : « Ainsi cessait le cumul des deux charges. ».

Mais une exigence administrative, reliquat des ordonnances de 1828, imposait que la nomination des Supérieurs des petit-séminaires fut soumis à l’approbation du Roi ! Qu’à cela tienne, l'évêché s’y conforme ; mais le délai officiel de réponse de six semaines s’allonge de façon inquiétante. L’abbé Levoyer est convoqué à l’évêché d’Angers pour s’entendre dire que cette nomination était refusée par le ministre Barthe car « cet ecclésiastique est signalé comme dévoué entièrement à la dynastie déchue. » Après un interrogatoire en règle, Mgr Montault fait remonter en haut lieu l’assurance que cet abbé est « paisible et inoffensif » ... il fallut attendre le 25 février 1838 pour obtenir la nomination ... presque un an après l’avoir demandée ! [ vous vous demandez si Chollet – sous-préfet à Segré jusqu’en 1842 - avait encore sévi ? aucune certitude à ce sujet]

Henri Gazeau conclut cet après Drouet par :

1835 42

Louis Levoyer donne quelques précisions plus avant dans sa Notice historique :

- Le 8 mai 1838 eut lieu le service anniversaire de M.Drouet et l'nauguration du monument élevé à sa mémoire.
- Le 21 novembre 1838, ... Mgr de Falloux... se rendit au Collège accoumpagné du comte Alfred de Falloux, son frère
[qui motiva un grand nombre d'illustres personnage à rendre visite au collège tout au long des années suivantes].
- Le 29 juillet 1839, Mgr Montault terminait sa longue carrière...
- Le 7 avril 1840 Mgr Paysan
(le nouvel évêque) rendit visite à notre petit-sémnaire... il mourut le 6 septembre 1841.
- Le 17 août 1842, le nouvel évêque Mgr Angebault présida la distribution des prix à Combrée.
Il fut l'artisan de la construction du nouveau collège en 1857 (ci-dessous les deux collèges, p.172 in Notice historique).

Certains anciens élèves de cette période sont des figures combréennes :

Henri comte de Cathelineau, c.1830, né en 1813, fils de Jacques-Joseph mort à Jallais en mai 1832, petit-fils de Jacques Cathelineau, l'insurgé de 1793. Le second insurgé combréen est - peut-être - l'un de ses frères Honoré né en 1814 ou Louis-Marie, né en 1822
René Hodé c.1830, architecte : Cf. le Bulletin de décembre 2024 (accés adhérent) et Figures combréennes (accès libre)
Jules Veillon de la Garoullaye, c.1832, voisin du Collège et maire de Combrée à deux reprises 1848-1867 et 1874-1896
Louis comte de Danne, c.1827, Cf. Bulletin de décembre 2021 (accés adhérent)
Adolphe Levoyer, c.1834, frère de Louis, Professeur au Collège de 1842 à 1862 Cf. Les professeurs (accés adhérent)

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Au cours de la longue vie de l’établissement, François Drouet a fait l’objet d’un véritable culte : on lui a longtemps attribué dans les calendriers religieux et civil une fête, motif de réjouissances et de commémorations ; on a même trouvé dans certains bulletins l’évocation de Saint Drouet.

Même s’il a mis ces détracteurs devant les faits accomplis, il n’en reste pas moins qu’au vu du résultat obtenu, devenu « Le Palais de l’Education », on lui pardonne cet entêtement constructif.

 

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 Sources : Annuaire de 1988, Combrée, ma maison de H.Gazeau, Notice historique de Louis Levoyer, Wikipedia, Geneanet.fr

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