La jeunesse de François Drouet (épisode 1)
Dans les Mauges, en janvier 1775, naissait un certain François DROUET, fondateur en 1810 du Collège de Combrée. A l’occasion de la célébration du 250ème de sa naissance, l’Amicale vous propose de revenir en 4 épisodes dans le Focus mensuel de son site Internet sur la vie aventureuse de celui dont le buste orne toujours l’entrée de l’ancien collège et la sépulture repose dans le cœur de la chapelle. |
Enfance dans une famille de meuniersNB1 (1775-1785)
Aux Moulins de Chevreau, sis à La-Chapelle-du-Genêt, naît en 1709 René Drouet : il y grandira et deviendra meunier. Marie Blanchard, une fille de Jallais, commune voisine, lui donnera, en 1746, un fils aîné nommé François, un autre garçon et une fille.
François s'installera au Moulin du PontNB2 comme meunier ; Marie Jeanne Mériau, de Saint-Macaire, lui donnera huit enfants : l'aîné, né le 7 janvier 1775, sera prénommé François. Il aura quatre frères et trois sœurs, mais seuls François, René et Jean-Baptiste dépasseront l'âge de 18 ans. (voir la généalogie Drouet)
La Chaussée du Moulin du Pont | Moulin du Pont en 2001 |
(In "Revue de l'Anjou et du Maine et Loire" (Ed. 1853, T. 2), article sur "Le collège de Beaupréau")
Élève au Collège de Beaupréau (1785-1792) |
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Louis Levoyer, contemporain de François Drouet auquel il succèda comme deuxième supérieurdonc deuxième supérieur en 1837 écrivait dans sa "Notice historique sur l'Institution de Combrée" publié en 1877 (présent sur notre site) que : |
À l'âge de dix ans, présenté par son père à la jouissance d'un bénéfice fondé par un de ses ancêtres, il fut conduit à Nantes pour y recevoir la tonsure des mains de Mgr de La Laurentie, qui en était évêque. Ainsi s'ouvrait devant lui une carrière, qui préalablement exigeait des études littéraires. Il suivit avec distinction les cours du collège de Beaupréau par l'abbé [René] Darondeau ; mais on peut appliquer au studieux enfant le vers de l'Aristarque latin : Multa tulit fécitque puer, sudavit et alsitNB3, car il lui fallait faire deux fois chaque jour le trajet d'une lieue [4 km] , pour jouir des leçons du collège.
Le collège de BeaupréauNB4 avait été fondé en 1710 par l'abbé François Follet. Ci-dessous : le "collège de Beaupréau" au XVIIIème siècle tel qu’il fut fréquenté par François Drouet.
Ces études furent toutefois interrompues en classe de Seconde par les guerres de Vendée qui ravagèrent les Mauges.
Vendéen et charpentier (1793-1801)
D'après Louis Levoyer :
Il achevait ses études en 1793, quand éclata l'insurrection de la Vendée ; il lui fallut alors laisser les études et les livres, abandonner même la maison paternelle et se cacher comme tant d'autres dans les champs de genêtNB5. Il put échapper ainsi avec les siens, aux poursuites et aux recherches des colonnes infernales, qui sillonnaient la Vendée en promenant partout le ravage et la mort. Aussitôt qu'un peu de sécurité eut été rendue à la contrée, la famille Drouet eut hâte de regagner sa maison ; mais il n'en restait que quelques ruines encore fumantes, l'incendie ne l'ayant pas plus épargnée que beaucoup d'autres demeures. A cette vue, le père du jeune Drouet fut frappé d'un telle stupeur que ses facultés en demeurèrent livrées à un trouble incurable. Devenu, par suite de ce dernier malheur, chef et unique soutien de sa famille, François Drouet, que Dieu destinait à devenir un jour le père d'une famille morale autrement nombreuse, trouva dans son énergie naturelle, comme aussi dans les ressources de son esprit industrieux et entreprenant, le moyen de faire face aux épreuves du moment. S'étant mis à l'apprentissage de l'état de charpentier, il y devint en peu de temps assez habile pour conduire un chantier, et put reconstruire la maison et le moulin de son père, préludant ainsi aux constructions importantes dont il devait plus tard diriger l'exécution.
Obligé, en 1795, de se mêler aux milices vendéennes, le jeune Drouet [il a 20 ans], qui n'avait que médiocrement de goût pour la vie militaire, profita de la première occasion de revenir à d'autres exercices ; il reprit alors l'état de charpentier, mais il le quitta définitivement en 1801 pour rentrer dans sa véritable vocation. A cette époque il devint collaborateur de M. Mongazon, dès lors supérieur du collège de Beaupréau.
Reprise de ses études au Collège de Beaupréau (1801-1805)
"La revue de l'Anjou et du Maine-et-Loire" a une autre lecture de cette même période :
Ayant repris ses études secondaires à près de 27 ans en 1801, là où il les avait laissées neuf ans plus tôt, François Drouet les termina avec succès sous l’égide de l’abbé Mongazon. Il commença à enseigner et fut ordonné prêtre en 1805 à l’âge de 30 ans.
Le professeur-abbé Drouet au collège de Beaupréau (1805-1810)
"La revue de l'Anjou et du Maine-et-Loire" poursuit ainsi à propos de son retour au collège de Beaupréau :
Dans ces premières années du 19ème siècle, sous le Premier Empire, l'abbé François Drouet avait a pu retrouver sa vocation initiale : le voici est donc établi, dans le collège où il a été élève, comme professeur apprécié, mais aussi comme économe, et ... comme bâtisseur avec son expérience de charpentier
Bien sûr, sa vie, jusqu'ici romanesque, ne s'arrêtera pas là : nous la découvrirons dans le prochain focus.
À quelques kilomètres de Beaupréau-en-Mauges, serpente l'Èvre sur 92 km de long ; 44 moulins à eau furent implantés sur cette rivière (et d'autres) couvrant plusieurs villages. Ainsi à La Chapelle-du-Genêt, on en a dénombré huit, à Beaupréau, douze ! Les Mauges étaient connus pour tous ses moulins à eau et à vent. Voir le document de l'office du tourisme de Beaupréau-en-Mauges. [Retour]
Ce moulin du Pont est resté dans la famille Drouet depuis le 18ème siècle jusqu'en juillet 2001 date à laquelle l'activité du site s'est arrêtée : Jean-François (cours 1970) a été meunier au Moulin du Pont. Actuellement, c’est son fils Thierry qui en est propriétaire de ce moulin qu'il a restauré et de la chaussée correspondante où il y habite. [Retour]
Traduction : L'enfant a beaucoup enduré et accompli, il a sué et il a eu froid ; Aristarque de Samos ( IIIe siècle avant JC) , astronome, mathématicien, avait lui aussi édité les œuvres d'Homère, avec une rigueur si légendaire qu’après lui tout critique exigeant fut qualifié d’aristarque. [Retour]
L’école ecclésiastique de Beaupréau dirigée par l'abbé Urbain-Loir Mongazon fut supprimé en septembre 1831, ses élèves étant alors transférés au petit séminaire de Combrée de l’abbé Drouet. L’abbé Mongazon fondera ensuite, à Angers en 1833, l’Institution Mongazon qui existe toujours. Quant à l’ancien collège de Beaupréau, au fur et à mesure des décennies, l'établissement a évolué et s'est adapté pour devenir l'Ensemble Dom Sortais en 2009, situé sur le même emplacement, rue Mongazon à Beaupréau. Depuis octobre 2021, le collège Charles de Foucauld, le lycée Notre Dame de Bonnes Nouvelles ainsi que le lycée professionnel et Centre de formation Le Pinier Neuf ont adopté une nouvelle identité et porte un nom unique : Dom Sortais. [Retour]
Champ de genêt : Aux xviiie et xixe siècles, la culture du genêt est un moyen d'utiliser à profit des terres en jachère. La racine des genêts fixe l'azote dans les sols, retient la terre et permet d'éviter la transformation des champs en friche sans valeur. [Retour]
Remerciements à Jean-François Drouet (c.1970), à l'office du tourisme de Beaupréau-en-Mauges,
à G. Label, archiviste diocésain et aux généalogistes amateurs de Geneanet.fr